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  • Raphaël

De quelques astuces d’enregistrement (et de la session du premier album de POL POT BOT).

Dernière mise à jour : 9 nov. 2019

La première semaine d’Octobre de l’an de grâce 2019, j’ai eu la chance, l’honneur, et le privilège d’enregistrer le premier (et excellent) album de POL POT BOT !

Mais puisque je vous dit qu'il tape fort !!!

POL POT BOT est un groupe de stoner à deux guitares, pas mal de fuzz, basse, et un batteur qui tape (très) fort. Very miam miam <3 !


Pour cette session, nous avons eu la chance d’avoir accès à un local relativement flexible, qui nous a permis d’isoler les cab de guitares de la pièce dédiée à la batterie ; Du coup, nous avons choisi de faire des prises live, (certains morceaux avec click, d’autres sans), dans une configuration qui a rendu possible de mettre en place une paire stéréo de micros room pour la batterie sur laquelle nous nous sommes beaucoup appuyés au moment de la mise en son. Vraiment beau. Bref, j’en dirai plus un peu plus bas.


En plus d’avoir eu à faire à des morceaux efficaces et bien écrits, joués par des musiciens compétents, nous avons été bénis des dieux à plusieurs égards.


Déjà, parlons batterie. Notre ami Goulec, qui pour sûr n’est pas un homme de mauvais goût, nous a proposé d’utiliser et de mettre en son une A&F. Rien que ça. Son modèle est assez atypique : des fûts très peu profonds mais très bavards en terme de résonance (y compris le kick) - d'une manière très flatteuse. Ah, des toms munis de timbres aussi. En gros, quelque chose avec beaucoup de caractère, assez inhabituel et carrément classe.


Parlons micros. Nous avons eu le privilège d’avoir accès à des micros plus qu’excellents. Je pense en particulier à ce Electro-Voice RE20, à ces deux Sennheiser MD 441, et un très beau et ancien Revox M3500 (qui existe aujourd’hui sous la forme du Beyerdynamic M201). Bénis des dieux, vous dis-je.


Dans la suite, je propose qu’on s’attarde sur quelques idées et quelques pratiques que cette session m’a permis de mettre en œuvre.



1 - Un SM57 habillé pour aller danser


Voici une astuce simple et efficace pour lutter contre la repisse du charley dans le micro disposé sur la peau de frappe de la caisse claire. Je ne suis clairement pas le premier à faire ça, sans savoir me rappeler à qui j’ai piqué ce truc. Fort possible que ce soit à Sylvia Massy. Pour cette recette, vous aurez besoin :

  • D’un SM57 (ou autre, d’un format similaire).

  • D’un gobelet en plastique

  • D’un cutter

  • D’un rouleau de Lotus Ultra-Doux (ou autre, d’un format similaire)

  • De Gaffer.

Les outils nécessaires

Il s’agit tout simplement d’entailler le fond du gobelet, puis d’insérer délicatement le SM57 afin d’arriver au résultat de la photo.


Ensuite, rembourrer le gobelet de Lotus Ultra-Doux jusqu’au bord, gaffer le SM57 au gobelet, et voilà ! L’avant de la capsule du 57 reste présentée face à l’instrument, sans entrave, alors que les ondes de pression provenant du charley (typiquement dans une direction désaxée vis à vis de la capsule, sinon cette astuce n’a aucun intérêt - on est d’accord) rencontrent le papier hygiénique, qui les absorbe.


Vous pouvez (sans rire) expérimenter avec différentes tailles de gobelet, différentes densités de rembourrage de PQ, et différentes position de la capsule vis à vis de la hauteur de PQ, etc.



Ce truc, certes pas très élégant, m’est souvent utile. Le sujet du choix et du placement d’un micro sur une peau de frappe de caisse claire pourrait faire l’objet d’un billet de blog entier.. En résumé, mon approche consiste souvent, en pratique, à placer le micro de proximité le plus loin possible de la source. L’astuce me permet en général de gagner quelques centimètres, et quelques centimètres font souvent toute la différence :-o !

Le résultat

2 - Quand les habits ne suffisent pas…


Dans certaines situations (nature et son de la pièce, frappe du batteur, adéquation entre le son du charley et de la caisse claire pas optimale, etc.), l’astuce ci-dessus peut ne pas suffire.

La bonne pratique à laquelle je m’adonne - par précaution - quasi-systématiquement consiste à sampler les éléments de la batterie (essentiellement les fûts). Il s’agit simplement de demander poliment au batteur de jouer des notes espacées sur chaque fût, un à la fois. Un peu de main gauche, un peu de main droite, plusieurs nuances, voire plusieurs articulations. Cette opération est totalement indolore et dure moins de 10 minutes ! Bien évidemment, on enregistrera tous les micros, et pas seulement le micro correspondant à l’élément concerné…


Ces sons peuvent servir à plusieurs choses :


  • Faire des réparations au moment de l’édition.

  • Générer un son de room dépourvu de cymbales trop envahissantes.

  • Renforcer la caisse claire par un sample de celle ci, si la repisse du charley ne permet pas d’en monter le volume au moment du mix. De plus, le sample de renfort pourra admettre plus de compression et/ou d’EQ dans le haut médium et les aigus que le son original pollué par la repisse à la prise.

SPL DrumXchanger

Pour faire cela, je m’appuie sur le plugin SPL DrumXchanger, mais beaucoup d’alternatives font l’affaire. L'avantage de DrumXchanger, c'est qu'il incorpore le Transient Designer de SPL : un outil efficace et puissant !

Ce sujet mériterait également un billet de blog à lui seul. Si cela vous intéresse, laissez moi donc un petit mot !



3 - La saucisse


Cette technique est au final assez bien connue - et j’en suis particulièrement friand.

Le micro saucisse (ou crotch mic, ou Wurst mic) est en général un SM57 (mais bien d’autres doivent faire l’affaire), placé à équidistance du kick, de la caisse claire, et des deux toms, approximativement dans le plan vertical correspondant à la peau de frappe de la caisse claire, visant vers l’entrejambe du batteur ou de la batteuse.


Le micro Saucisse <3

On doit ainsi obtenir une image bien équilibrée et “proche” du kit - en pratique cela permet de ramener du “gras”, d’une nature très différente de celle du “gras” de micros d’ambiance plus distants. L’intérêt est que ce son se prête plus que bien à être manipulé de manière non orthodoxe. Dans mon cas, il fait souvent l’objet d’une compression brutale pour encore plus de “gras” et de punch, voire de distortion. De manière alternative, on peut aussi très bien imaginer mettre en son la batterie en s’appuyant en priorité (voire exclusivement) sur ce micro ! Cela peut constituer, si c’est pertinent, un effet intéressant pour une intro, un pont, voire un morceau entier.



4 - Quand les cymbales s'en mêlent un peu trop


Pour la mise en son de la batterie, j’aime m’appuyer fortement sur les micros d’ambiance. Il y a plein de manières différentes d’aborder la question. Et autant de déclinaisons possibles de chacune de ces manières de faire que d’espaces d’enregistrement. Pour la session dont nous parlons ici, j’ai décidé de mettre en place un couple stéréo, relativement distant, à l’aide d’une paire de Rode NT5. En général je cherche un emplacement adéquat tout simplement en me déplaçant dans la pièce jusqu’à trouver l’endroit qui me paraît le plus flatteur et le plus défini pour le kick et la caisse claire. Toujours en général (mais en pratique, il n’y a bien entendu pas de règle définitive) j’ai tendance à chercher plutôt proche du sol de sorte à maximiser l’impact des fûts et minimiser l’aspect parfois agressif des cymbales.


Le couple stéréo. Désolé pour la qualité de la photo.

Lorsque les cymbales sont trop présentes, l’astuce dont je me sers régulièrement consiste à interposer un panneau de mousse acoustique entre le couple stéréo et la batterie. En pratique, je me suis fait des panneaux basés sur de la mousse acoustique standard (pas spécialement haut de gamme), collée à des panneaux de contreplaqué plutôt fins, de dimension 1m x 1m. Je me déplace rarement sans ces panneaux lorsque je vais enregistrer, et ils trouvent souvent une utilité ! Dans ce cas, comme le contreplaqué et la mousse sont très fins, le profil du spectre de l’absorption est typiquement juste ce qu’il faut pour gommer le caractère pénible et agressif des cymbales, tout en laissant vivre l’assise et le corps des fûts.




5 - Le saviez-vous ?


« Les petits amplis guitare enregistrés ne sonnent pas *petit*».


On a beaucoup parlé batterie. Visitons rapidement le monde des guitares !


En plus des amplis habituels de Kadaf et Clément (à savoir, un Marshall JCM 600 - combo - et un fantastique MusicMan 100-RD, ci-dessus), nous avons eu la chance d’avoir accès à un excellent Pignose Legendary 7-100 Tweed edition. Je vous laisse apprécier les dimensions de la bête en les comparant à la taille du SM57 dont nous l’avons muni.


Le Pignose

L’avantage de ce genre de petite boîte (en plus d’être bon-marché), c’est qu’il en faut peu - contrairement à des gros amplis à lampes - pour pousser le circuit et le baffle dans leurs ultimes retranchements. Cela permet d’avoir un accès simple à l’esthétique d’un son d’ampli de guitare au bord de l’explosion. En pratique, ceci se trouve souvent être au pire un complément, au mieux un substitut très intéressant au son d’un ampli de guitare de caractéristiques normales pour du live ou de la répétition. En particulier pour ce style de musique (n’oubliez pas qu’on parle de stoner) !

Nous avons choisi de doubler (en re-jouant) certaines parties à l’aide du Pignose pour renforcer certains passages clés. Cela a fonctionné au delà de mes attentes ! Le Pignose est dépourvu de bas et présente une nature de mediums et de distortion qui complètent merveilleusement bien le son de guitare “de base”. Gras, sale, agressif.

En résumé : un petit ampli guitare enregistré ne sonne pas “petit” - et c’est à mon avis une bonne pratique d’en avoir un sous le coude pour toute session d’enregistrement dès qu’il est question de rock’n’roll. Le tout réside dans la question de savoir à quel moment il est pertinent de l’utiliser.

Un autre avantage très indirect d’expérimenter avec un petit ampli atypique comme celui ci est, parfois, simplement de permettre de créer un moment d’expérimentation qui implique l’artiste dans une session d’enregistrement.

On peut avoir tendance à ne pas y penser. A mon humble opinion, ce genre de moment ou d’événement dans une session est juste indispensable. Cela permet de briser une certaine forme de monotonie qui pourrait commencer à se développer et aide à maintenir tous les gens concernés dans un état de curiosité et d’intérêt propice à la créativité - au final ça me semble être le plus important. Tiens, j’ai quelques idées sur la question, cela ferait un bon sujet de billet de blog tout ça !



6 - Et la basse dans l’histoire ?


Et la basse…

Pour le coup, cela n’a pas été l’occasion de mettre en œuvre des astuces particulièrement intéressantes. Pour une raison de limite en termes de nombre de lignes et de temps disponibles, on a choisi de s’en tenir à capturer le signal DI. J’ai ensuite procédé au reamp de la basse dans mon fidèle stack Ampeg (muni d’une SVT III Pro américaine).

Ooooooh c'est beauuuu !

J’ai capturé plusieurs sons complémentaires : un son clair de chez clair, le son de ma Big-Muff Bass, et le son d’une Way Huge Swollen Pickle. L’équilibre entre ces différents sons, de natures assez différentes, sera décidé au moment du grand mélange des sources sonores (qui a lieu au moment où j’écris ces lignes).


Contrairement à la Big-Muff Bass, la Swollen Pickle n’est pas un effet particulièrement dédié à la basse a priori - il faut donc passer un peu de temps pour effectuer les réglages avec délicatesse.

Cependant, pour qui aime les sons d’une violence extrême (je plaide coupable), cela en vaut la peine !


Voilà, c’est tout pour aujourd’hui !

22 bises à tous, et portez-vous bien !

Raphaël.


Avec mes remerciements à : Kadaf, Clem, Aubé, Goulec, Louis, Manon.

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